— 4 questions à Noémie De Almeida Ferreira, danseuse et transmetteuse
Noémie se forme au Conservatoire de La Rochelle et intègre ensuite l’Atlantique Ballet Contemporain à La Rochelle. De 2016 à 2018, elle poursuit sa formation en intégrant le Ballet Junior de Genève (BJG) en Suisse. En octobre 2018, la danseuse rejoint le CCNR/Yuval Pick comme freelance pour la création de Vocabulary of need et devient danseuse permanente en 2019. En plus d’interpréter l’ensemble du répertoire de la compagnie, Noémie transmet la méthode Practice de Yuval Pick aux professionnels comme aux amateurs.
1. Le danseur-interprète doit-il nécessairement être créatif ? N’est-ce pas plutôt le rôle du chorégraphe ?
Aujourd’hui, dans le milieu de la danse contemporaine, les danseur·euses-interprètes doivent nécessairement être créatif·ves et force de proposition pour collaborer avec le chorégraphe. Ce dernier doit ensuite organiser la créativité de ses interprètes, la mettre au service du propos artistique. Donc, oui, l’interprète doit être créatif, sinon c’est juste un corps en mouvement.
2. De quelle manière la méthode Practice mobilise-t-elle la créativité des interprètes ? Par le biais de quels exercices ?
D’abord par le biais de l’imaginaire et de l’improvisation. Les danseur·euses utilisent beaucoup d’images pour mettre leur corps en mouvement. Practice mobilise ensuite la créativité par le biais du rapport aux autres. Comment les autres m’inspirent, me donnent un élan pour les inviter ou au contraire les rejoindre dans le mouvement ou dans l’espace ? Les interactions m’aident à déployer ma créativité. Enfin, la musique joue un rôle important dans l’expressivité et la créativité des interprètes.
3. Pourquoi Practice permet-elle aux danseur·euses de développer leur créativité et leur expressivité ?
Practice est une méthode qui mobilise des principes très simples, tels que le transfert du poids ou l’imaginaire. Ils permettent à chacun·e de dévoiler sa personnalité et sa capacité physique. Cette créativité, elle sert à mettre en lumière chacun·e dans sa singularité, pas dans une manière homogène. Il existe un langage commun, une même esthétique au service des corps qui la pratiquent.
Par ailleurs, le rapport à la joie est extrêmement présent dans Practice. On est dans l’exigence tout en assumant une certaine légèreté. On danse, on bouge nos corps ensemble dans un studio. Cela rend joyeux et curieux, ce qui facilite l’ouverture et la créativité. La joie de danser donne envie de déployer librement son corps dans l’espace. Elle donne envie de se connecter aux autres et de groover sur la musique. Enfin, elle donne envie d’aller dans des endroits corporels méconnus. Avec Practice, de nouvelles portes s’ouvrent sans cesse.
4. Peut-on vraiment apprendre à être créatif ? La créativité n’est-elle pas innée ?
Il y a des gens qui sont plus créatifs que d’autres, c’est sûr. Mais la créativité peut s’apprendre comme on apprend à parler une autre langue. Simplement, il faut des outils et un entraînement régulier. Il faut se laisser traverser par différentes formes artistiques, par de nouvelles informations. Le plus difficile, c’est de s’ouvrir. Les personnes fermées risquent de s’amputer une partie de cette créativité. Au final, la créativité est accessible à tout le monde. Il faut avoir du temps, de l’envie et des outils. La créativité se cultive.