— 4 questions à Guillaume Forestier, danseur et chorégraphe
Guillaume se forme dans diverses structures comme le CRD, Force Jazz Dance Cie, puis entre au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse (CNSMD) de Lyon en 2014. Il intègre le Jeune Ballet du CNSMD en septembre 2017. Guillaume rejoint la compagnie du CCNR/Yuval Pick lors de la reprise de Acta est fabula en juin 2018. Aujourd’hui, encore interprète dans certaines pièces de Yuval Pick, il est également transmetteur de sa méthode Practice.
1. Le danseur-interprète doit-il nécessairement être créatif ?
N’est-ce pas plutôt le rôle du chorégraphe ?
Je pense que l’interprète explore naturellement sa créativité. Notre corps parle toujours pour nous, on peut y lire une multitude de nuances rien qu’à la manière dont nous faisons les choses. Nos histoires et nos aspirations transpirent à travers nos actions. Aussi, je pense que la personne en charge de la chorégraphie rebondit sur ce qu’elle voit dans la personnalité et le corps de l’interprète. Son rôle est de prendre des décisions dramaturgiques, temporelles, spatiales, etc. Malgré toutes les propositions du/de la chorégraphe, un dialogue existe entre son imaginaire et le travail des interprètes qui concrétisent la recherche.
2. De quelle manière la méthode Practice mobilise-t-elle la créativité des interprètes ? Par le biais de quels exercices ?
Practice met le corps en mouvement à partir de l’imaginaire des interprètes. Quand je danse à partir de Practice, je déploie des paysages imaginaires et me connecte à plusieurs modes d’existence, organiques, émotionnels… L’image est proposée par la personne en charge de la transmission de Practice, mais c’est bien moi, interprète, qui entre en connexion avec l’image et qui laisse mon corps y réagir, dès lors, la créativité est en action. Enfin, l’approche à partir du corps en rotation permanente révèle l’organisation naturelle de chaque personne dans un espace organique à 360°.
3. Pourquoi Practice permet-elle aux danseurs de développer leur expressivité ?
Car il n’y a pas d’enjeu à produire à tout prix. Je vois Practice comme un jeu, un chemin personnel. La connexion à soi et à ses mondes intérieurs se joue à chaque instant. Plus j’ai envie de me découvrir, plus je me découvre et il n’y a pas de bonne réponse, je m’explore en dansant. Au fil des jours, des semaines, des années de pratique je développe des expressivités naissantes, d’autres meurent et je danse ma propre évolution.
4. Peut-on vraiment apprendre à être créatif ? La créativité n’est-elle pas innée ?
Je dirais que chaque personne cache en elle des îlots de créativité. Il faut simplement trouver une manière d’y accéder. J’ai l’impression que Practice nous prend par la main pour nous ouvrir à nous-même. C’est une approche qui permet d’ouvrir des portes, de ré-envisager notre manière de bouger, de respirer, d’entrer en connexion les un.e.s avec les autres. La créativité est innée. Ce qui s’apprend et s’entretient, c’est l’accès qu’on a à ces temps et à ces espaces cachés en nous.