— 4 questions à Madoka Kobayashi, danseuse
De 2003 à 2005, Madoka se forme à The Showa School au Japon, avant d’intégrer jusqu’en 2008 la Rambert School en Angleterre. Durant ses études, elle rentre à la Realm Dance Company à Londres, puis à la RODA Company à Leeds. Elle intègre la compagnie du CCNR/Yuval Pick dès sa création en 2011. En plus d’interpréter l’ensemble du répertoire de la compagnie, elle transmet la méthode Practice de Yuval Pick aux professionnels et aux amateurs.
1. Le danseur-interprète doit-il nécessairement être créatif ?
N’est-ce pas plutôt le rôle du chorégraphe ?
Je dirais que cela aide d’être créatif dès lors que l’on travaille avec son corps. Car le corps est une chose très concrète, que l’on connaît par cœur en tant qu’interprète. Pour moi, être créatif signifie comment, avec mon corps, je peux me donner la chance de vivre, de briller, en temps réel.
2. De quelle manière la méthode Practice mobilise-t-elle la créativité des interprètes ? Par le biais de quels exercices ?
Deux exercices permettent de mobiliser sa créativité. Le premier, c’est le travail sur la spirale à 360°. Le deuxième, c’est l’atterrissage, la connexion des pieds avec le sol, dont découle la verticalité. Ils constituent l’essence, le point de départ de la méthode Practice. À partir de là, chaque interprète peut nourrir sa créativité d’une manière très personnelle, faire naître ses propres images, ses propres sensations. Il n’y a pas de modèle. Quand tu cherches à « aller loin », l’idée de la créativité est déjà là.
Quand je donne des cours à des danseurs qui ne connaissent pas Practice, je vois le plaisir qu’ils ont à bouger. Ils découvrent quelque chose dans leur corps. Practice agit comme un « peeling ». À l’image d’une banane qu’on épluche, la méthode enlève une peau, une couche. Elle fait apparaître « autre chose », un potentiel.
3. Pourquoi Practice permet-elle aux danseurs de développer leur expressivité ?
Au bout d’un moment, il faut lâcher prise dans sa tête comme dans son corps. Practice permet justement d’être « disponible », de trouver la force de lâcher, de reprendre, d’apprendre. Practice ne vise pas la forme. On s’en fiche de la forme ! C’est une philosophie.
4. Peut-on vraiment « apprendre » à être créatif ? La créativité n’est-elle pas innée ?
Non, ce n’est pas quelque chose que l’on peut « apprendre ». La créativité est déjà présente en chacun d’entre nous. Certains doivent seulement écouter davantage cette intuition. En même temps, on peut effectivement « apprendre » à mieux écouter son corps. Être créatif, c’est quelque chose qu’on a tous en soi, mais qui est enfouie, plus ou moins loin dans son corps, dans sa tête.