Recherche sur la méthode Practice de Yuval Pick

En 2025, le danseur et chercheur Rafael Molina* mènera une recherche empirique intitulée « Regard critique sur la méthode ® Practice de Yuval Pick : identification, formalisation et formation des transmetteurs ». 

Ses travaux seront conduits avec le soutien du Centre national de la danse (Aide à la recherche et au patrimoine en danse) et en partenariat avec trois écoles supérieures de danse : The Place à Londres, le Junior Ballet de Genève et le Conservatoire National Supérieur Musique et Danse (CNSMD) de Lyon. C’est au cœur de ces trois institutions européennes prestigieuses qu’il inscrira ses terrains au cours de la saison 2024/25, observant la transmission de la méthode Practice à travers des cours, des ateliers, la transmission de matière chorégraphique issue du répertoire de Yuval Pick et s’entretenant longuement avec les participant·es.

Calendrier prévisionnel de recherches :

30.09 > 4.10 + 12 > 15.11.2024 au studio de la Velette / CCNR, Rillieux-la-Pape
16 > 20.12.2024 au Centre national de la danse (CND) à Pantin et au CNSMD de Paris
16 > 20.12.2024 lors du Winter Camp au studio de la Velette / CCNR, Rillieux-la-Pape
13 > 17.01 + 20.01 > 07.02.2025 à The Place, Londres
17.02 > 07.03.2025 au Ballet Junior de Genève
10 > 14.03.2025 au CNSMD de Lyon

3 questions à Rafael Molina

1. Pour quelles raisons as-tu souhaité mener une recherche sur la méthode Practice de Yuval Pick ?

    J’ai été convaincu par la pertinence de cette méthode, autant structurante que libératrice. Elle propose une continuité avec la danse moderne américaine de Martha Graham, dont je suis spécialiste, tout en répondant aux besoins contemporains. Practice, en tant que nouvelle méthode d’entraînement et de formation des danseur·euses, fait figure d’exception. Depuis le mouvement post-moderne, les chorégraphes se sont éloigné·es des « écoles » de danse et des « traditions », et donc de l’acquisition d’un vocabulaire et d’une approche trop spécifiques. Ils·elles visent plutôt une disponibilité des corps et leur ouverture à des esthétiques variées. Practice aurait, selon moi, le potentiel de dépasser cette binarité et de réconcilier les deux.

    2. Quelle est ta méthodologie ? Comment procèderas-tu concrètement pour formaliser cette méthode de manière « scientifique » ?

    Dans un premier temps, je m’appuierai sur une méthodologie sociologique vis-à-vis de mon terrain de recherche, mon terrain étant la transmission actuelle de la méthode et du répertoire de Yuval Pick. Concrètement, cela impliquera une enquête de terrain combinant observations et entretiens qualitatifs avec les différents acteur·rices impliqué·es. Dans un second temps, je me concentrerai sur l’élaboration de ressources et d’outils pédagogiques à destination des danseur·euses, pédagogues, chercheur·euses, et directeur·rices de formation. Cette phase, davantage orientée vers les sciences de l’éducation, consistera à développer des grilles d’analyse et des supports méthodologiques adaptés aux besoins pédagogiques.

    3. Qu’attends-tu des résultats de cette recherche ?

    Cette recherche s’adresse principalement à celles et ceux qui s’intéressent à la méthode Practice, qu’ils·elles soient amateur·rices, professionnel·les, ou pédagogues désireux·ses d’être mieux outillé·es pour transmettre. Le site internet practiceyuvalpick.com offrira à tout·es la possibilité de suivre l’avancement de l’étude, en documentant progressivement ses différentes phases. À l’issue du projet, une ressource complète sera disponible à la médiathèque du CN D. Elle comprendra une synthèse, des entretiens filmés et transcrits, ainsi que des archives écrites sous la forme d’un cahier de recherche.

    En complément de l’exposé de recherche prévu au CN D début 2026, qui facilitera une diffusion nationale, nous organiserons une journée de présentation et de restitution au CCNR, en collaboration avec d’autres structures de la danse à Lyon.

    Cependant, cette étude vise également à nourrir une réflexion plus vaste sur la nature même de l’éducation en danse, ainsi que sur ses implications philosophiques et politiques. Plus précisément, il nous semble essentiel de construire de nouvelles passerelles entre les deux objectifs principaux de l’enseignement de la danse : d’une part, le développement des compétences techniques, et d’autre part, l’encouragement à la créativité et à l’expression subjective des danseur·euses, afin de répondre aux exigences des corps d’aujourd’hui.

    Retrouvez l’article de Rafael Molina Practice, un objet de recherche.


    *Rafael Molina est artiste interprète, pédagogue et chercheur. Diplômé d’un master de recherche de Sciences Po Paris et de la Martha Graham School à New York, il a fondé en 2017 Graham For Europe, une organisation qui promeut et démocratise l’enseignement du travail de Graham sur le continent européen. Depuis 2019, il mène également une recherche sur les pratiques pédagogiques grahamiennes qui a été soutenue par le Centre national de la danse.